Si en ce début d’année 2020, je pouvais cocher les cases de l’envie et du temps, il me manquait une dimension plutôt importante en début de projet… les idées !

Écrire un livre c’est bien, mais encore faut-il savoir de quoi on a envie de parler. Si j’imaginais bien que ce livre n’allait pas traiter de physique quantique mais bien de food, encore fallait-il définir un angle d’attaque précis.

C’est à ce moment là que vous prenez une feuille, votre plus beau stylo et où vous vous mettez à réfléchir…

Et alors autant vous le dire tout de suite, le choix de la thématique n’est clairement pas le plus simple.

Il existe aujourd’hui plétore de livres de cuisine et plusieurs milliers de nouvelles références viennent chaque année gonfler les stocks de libraires. L’idée était donc de trouver un sujet qui allait me plaire, qui correspondrait à mon univers et sur lequel tout n’avait pas déjà été dit (vaste programme !)…

Loin de moi l’idée de réinventer le petit-déjeuner (je vous glisse déjà un début de réponse quant au sujet du livre), mais je trouvais que cette thématique couvrait un champ des possibles suffisamment large pour ne pas m’y ennuyer et pour aborder des sous-thématiques assez variées !

Vous avez l’idée, maintenant il va falloir tirer le fil.

De mon côté, j’avais envie de balayer assez large et d’aborder toutes les recettes gourmandes (aussi bien salées que sucrées) que l’on pourrait trouver sur nos tables le matin.

Oui parce que pour être honnête, aussi étrange que cela puisse paraitre pour quelqu’un qui écrit un livre sur le sujet, je ne déjeune jamais ! Je préfère passer 5 minutes de plus sous la couette que devant mon bol de céréales le matin. D’un autre côté, je voue une passion sans limite aux recettes du petit-déjeuner dès lors que l’on sort du classique combo céréales industrielles + lait.

Le postulat était donc le suivant : qu’est ce qui allait pouvoir me faire changer d’avis sur le petit-déjeuner et me donner envie d’avancer le réveil (et dans l’absolu à vous aussi) ?

De l’odeur de la brioche toute chaude qui sort du four, à celle chocolatée du porridge de sarrasin sur le feu, en passant par la douceur d’une confiture de fraises ou la gourmandise presque insolente d’une pile de pancakes, voici déjà une petite liste non exhaustive des premières recettes qui allaient forcément avoir une place de choix dans ce projet.

L’écriture du sommaire, la définition des grandes parties et des recettes est sans doute ce qui m’a pris le plus de temps.

J’ai commencé par faire des listes d’idées recettes sur des feuilles volantes, sur mon téléphone et puis à les centraliser sur un doc en ligne, dans un premier temps, sans vraiment les trier.

Écrire toutes ces idées m’a ensuite permis de tracer les grandes lignes d’un sommaire et de voir où il me manquait des éléments pour avoir des parties à peu près égales en terme de nombre de recettes (je savais à ce moment là que je voulais partir sur un livre avec 70 recettes, qui me semblait être un chiffre déjà conséquent pour une thématique comme le petit-déjeuner).

Boissons, granola, bowls, sur les tartines, petite boulangerie, juste une bouchée, crêpes et pancakes, ça croustille et brunch salé, je tenais là mon sommaire !

Une fois ces grandes lignes tracées, il ne restait plus qu’à ranger les différentes idées dans les bonnes cases, à vérifier qu’en terme de saisonnalité on couvrait bien tout l’année (rien de plus frustrant que d’ouvrir un livre en plein mois de décembre et de se rendre compte que toutes les recettes sont à réaliser avec des fruits rouges par exemple) et à enrichir les cases qui étaient un peu vides, de nouvelles idées.

Quand on en est à rédiger la 1ère recette et que l’on pense au 69 autres qui vont suivre, la tâche a de quoi effrayer. Mais vous connaissez le dicton, on a rien sans rien !

Plutôt que de voir les 70 recettes à rédiger comme un Everest impossible à gravir, j’ai préféré découpé le projet en lot de 4 / 5 recettes à rédiger chaque jour, la tâche semblait tout de suite moins ardue.

Pour la partie test recette, j’ai procédé pareil qu’habituellement, à savoir, que je rédige les recettes « à l’aveugle », je crash test ensuite (et réajuste si besoin). Cela me permet de m’appuyer sur ce premier jet de recettes pour définir la liste des ingrédients dont je vais avoir besoin pour aller faire les courses.

Pendant le shooting (cf étape suivante), je griffonne mes recettes avec les ajustements réalisés (temps de cuisson, quantités…) avant de les mettre au propre sur l’ordinateur.

Si vous avez bien suivi, si janvier et février sont traditionnellement des mois creux, mars ne l’est pas vraiment.

J’avais donc prévu de bloquer une semaine dans mon emploi du temps de façon à pouvoir shooter 50 recettes soit quasiment les 3/4 du projet. Outre le fait de mettre un vrai coup d’accélérateur à l’ensemble (et d’éviter que ce projet ne finisse dans des cartons), cela me permettait également de donner une certaine constance à la partie photo. Il est, je trouve, toujours plus simple de garder une certaine unité créative quand les choses sont faites d’un seul tenant, plutôt que si on éparpille les shootings sur plusieurs mois.

Hasard du calendrier, le mois de mars est un mois charnière entre l’hiver et le printemps où l’on trouve encore des produits d’hiver (comme la courge), mais également où les fraises et asperges font leur grand retour (j’ai par exemple du attendre le mois de mai pour shooter les recettes à base de pêche et d’abricot).

Si vous calculez bien 50 recettes sur une semaine (soit 5 jours), ça fait la jolie cadence de 10 par jour. J’ai shooté la première semaine de mars (soit avant le changement d’heure), du coup à 17h, il fallait plier faute de lumière suffisante.

Clairement 10 recettes par jour, avec la gestion des prépa et du stylisme, c’était vraiment impossible pour moi. J’ai donc fait appel à Julie Girardet, la plus chouette des assistantes, qui est venue travailler une semaine au studio (et qui a donc mangé des petits-déjeuner matin, midi et soir toute la semaine). J’ai déjà travaillé avec Julie sur des nombreux projets, elle est super autonome et de très bons conseils (ce qui est particulièrement utile quand on a la tête dans le guidon). Elle s’est occupée de toute la partie préparation des recettes, ce qui m’a vraiment permis de me concentrer sur la partie stylisme et photographies.

Côté DA photos, j’ai très vite pris le parti de faire du « Fraise & Basilic » (tant qu’à faire d’écrire un livre, autant qu’il ressemble à ce que j’aime !). J’ai vraiment essayé de faire en sorte qu’il y ait une belle unité dans les photographies du livre (même si vous y trouverez des photos sur fonds clairs et d’autres sur fonds foncés), je regardais, plusieurs fois par jour, les visuels shootés pour m’assurer qu’ils fonctionnent bien les uns avec les autres.

Côté timing, on a donc shooté 53 recettes cette semaine là, les 17 recettes restantes ont été faites pendant le confinement.

J’ai refait un petit tour dans mes mails pour vous donner des dates précises, le premier mail pour présenter le projet aux maisons d’éditions a été envoyé le 9 mars 2020.

En temps normal, trouver une maison d’édition n’est pas déjà forcément chose aisée, mais si vous ajoutez à l’ensemble une pandémie et un confinement généralisé à peine 15 jours plus tard, c’est là où le challenge devient carrément impossible.

J’ai donc pris mon mal en patience (chose ultra compliquée pour la bélier que je suis ^^), finalisé les photos et la mise en page des 208 pages du livre pendant le confinement (entre deux cours sur le passé composé ou sur les tables de multiplication, les joies d’avoir été à ce moment là, entre autres choses, tour à tour maitresse, maman et photographe), avant de retenter ma chance, quelques mois plus tard au moment du déconfinement.

Là où j’ai gagné du temps c’est que j’ai plusieurs amies qui avaient déjà été publiées, cela m’a donc permis d’avoir des contacts qualifiés au sein de plusieurs maisons d’édition (et être sur que votre mail arrivera sur le bureau de la bonne personne c’est déjà beaucoup de temps de gagné).

J’ai envoyé à chaque fois une planche tendance avec une partie des visuels shootés ainsi que quelques pages maquettées pour en montrer un peu plus et donner un avant-gout du projet. Une fois que les échanges étaient plus précis, j’ai fait suivre la maquette complète.

J’ai eu plusieurs refus pour les raisons suivantes : le titre ne correspondait pas au catalogue, un titre assez proche en terme de thématique était déjà planifié. Malgré mes relances, je n’ai parfois pas eu du tout de retour.

Bien consciente que la période ne jouait pas en ma faveur, j’ai essayé d’être patiente et finalement c’est en octobre dernier que j’ai eu une réponse positive de la part de Marabout (qui était, cerise sur le gâteau, LA maison d’édition avec laquelle je rêvais de signer !)